Dans la même semaine la torture a été à l’honneur deux fois aux Etats Unis. Tout d’abord Asa Hutchinson, un ancien représentant républicain au Congrès, ancien sous-secrétaire d’Etat au département de la sécurité intérieure sous le gouvernement George W. Bush, et un des deux rapporteurs de la commission d’étude sur le traitement des détenus après le 11 Septembre, a présenté à la presse le rapport qui conclu officiellement que les Etats Unis, sous la présidence de G W Bush, ont pratiqué la torture pour interroger ses prisonniers après les attentats du 11septembre.
Il a déclare : “We found that U.S. personnel, in many instances, used interrogation techniques on detainees that constitute torture. American personnel conducted an even larger number of interrogations that involved cruel, inhumane or degrading treatment. Both categories of actions violate U.S. laws and international treaty obligations.”
« Nous avons constaté que le personnel américain, dans de nombreux cas, a utilisé des techniques d’interrogation des détenus qui constituent une torture. Le personnel américain a mené un plus grand nombre d’interrogations qui ont impliqué un traitement cruel, inhumain ou dégradant. Les deux catégories d’actions violent les lois américaines et les obligations des traités internationaux. »
Parallèlement, la chambre de l’Etat du Maryland (un Etat mitoyen de Washington) a refusé d’examiner en dernière partie de session pour l’année 2013 une loi qui aurait interdit d’entraver les femmes enceintes emprisonnées dans le Maryland durant les deux derniers semestres et l’accouchement. Les autorités pénitentiaires assurent que cette loi n’est pas utile puisque les femmes ne seraient attachées qu’en cas de nécessité.
Les associations de défenses des femmes prisonnières, telle que Power Inside, ont fourni des témoignages accablants démontrant que les femmes étaient très souvent entravées. Cela laisse à penser que les cas de nécessité sont donc fondés sur des paramètres qui ne respectent en rien la dignité de ces femmes.
Quelques données nous permettent de comprendre que les standards d’humanité sont déplacés. Un tiers des femmes emprisonnées dans le monde le sont aux Etats Unis. Dans trente deux Etats il est légal d’enchainer ou de menotter des femmes enceintes y compris lors de l’accouchement. Les mères font parties de la population carcérale dont le nombre augmente le plus rapidement. Bien souvent, on emprisonne les femmes avant leur procès, par exemple, dans le Maryland, à Baltimore 90% des femmes incarcérées, dont 79% sont noires, attendent d’être jugées. De plus la grande majorité des femmes sont envoyées en prison pour des crimes non-violents.
La loi actuelle dit que dans le Maryland les menottes, les entraves ou chaines pour les jambes et le ventre peuvent être utilisées pour maitriser/contrôler les femmes enceintes pendant le transport, le travail, l’accouchement et les suites d’accouchement.
Les témoignages sont là, Angela a eu les mains et pieds attachés pendant son transport a l’hôpital et une grande partie du travail et ce n’est que sur l’insistance du docteur qu’elle a accouche sans chaine, de même Danielle raconte son accouchement attachée et humiliée avec plusieurs voyages a l’hôpital toujours avec des entraves aux chevilles et aux mains.
Il nous faut reconsidérer ce que torture veut dire. Avons nous besoin de lois internationales pour imposer aux Etats Unis de traiter les femmes enceintes incarcérées avec respect. La grossesse constitue un grand moment de vulnérabilité pour les femmes défavorisées en général. De plus les lois sont aussi punitives que les aides sociales manquent gravement et que la précarité augmente.
Déjà en 2010 le rapport sur le respect par les Etats-Unis de ses obligations en matière de droits de l’homme dans le domaine de la santé reproductive et sexuelle remis pour revue aux Nations Unis, faisait état de la torture quotidienne infligée aux femmes les plus vulnérables.
Malgré tout, dans le Maryland la loi qui aurait protégé les femmes enceintes emprisonnées est restée sans suite.
(Photo Credit: Mark Humphrey / Associated Press / New York Times)